Nature humaine II, gravure sur bois 30 x40 cm, 2020


 
 Iris Miranda pratique l’estampe, et son rapport particulier à cet art provient sans doute de la fascination qu’elle a éprouvé enfant devant les détails contrastés et minutieux des planches anatomiques des siècles passés, quand le trait du graveur décrivait le monde.
 
Les corps ouverts s’y déploient comme des fleurs, semblant une intériorité subjective marquée des traces esthétiques de la douloureuse et voluptueuse épreuve de la vie.

Depuis, ses outils labourant le bois ou le métal génèrent une matière graphique sensible et organique, cherchant inlassablement à capter les frémissements du désir et de ses mystères insondables.
 
La durée d'élaboration nécessaire aux techniques de gravure, ses processus laborieux, le rapport physique au matériau et au geste, sont la substance de ses images.
 
 
 

 

HUMAINE 


 



extrait de la série Humaine, gravures sur bois rehaussées, 2020-2024




Faire face à tous ces visages invite à une relation de regards, c’est un miroir où rencontrer l’altérité et de multiples reflets de notre commune nature humaine, mystérieuse et vivante.


Les figures que je représente ont de nombreuses sources d’inspiration, elles sont tout autant des autoportraits, portraits d’anonymes, sujets de peinture, icônes, masques, imaginaire, folklore, allégories, symboles, paréidolie...

Je m’y reconnais, et en même temps je me relie à l’autre : "tu es humain.e, nous sommes humain.e.s, elles et ils sont humain.e.s !"

J’évoque souvent la présence humaine en creux, par le fragment, voire par l’absence, à travers la figure du masque et en inventant différentes manières d’apparaître.

Ces figures sont traversées et dissoutes progressivement dans la lumière, l’obscurité, ou par la prolifération des motifs gravés : elles sont perméables à la fluctuation des affects, des sensations et aux cycles organiques de la vie.


Mon médium artistique est l’estampe, cet art souvent méconnu, que j’expérimente à travers une écriture graphique sensible.

Il s’agit ici de gravures sur bois, que je rehausse souvent à la peinture.

C’est d’abord par le geste spécifique à la gravure que je rends visible, par la soustraction de la matière que je fais émerger la lumière dans cette matière noire de la plaque de bois vierge.

Je suis attentive à la forme de chaque trace de mes outils gravant le bois. Ce sont les empreintes de ces gestes qui par leur rythme et leur répétition conditionnent la représentation et créent les textures de ces peaux, évoquant des feuillages ou des écorces, des éléments mouvants et fluides.

Les ajouts masquent et révèlent à la fois, concentrent le regard sur les fragments d’expressions de ces visages.

Par contraste avec le noir et blanc incisif de la figure gravée, l’aspect vaporeux de l’acrylique blanche et le lavis transparent coloré du brou de noix m’apportent une liberté gestuelle et la possibilité de variations inépuisables et uniques dans cet art de la reproduction qu’est traditionnellement l’estampe.


Cette série de gravures sur bois forme un ensemble de plus d’une centaine d’œuvres à ce jour, elle comporte beaucoup de petits formats, quelques moyens et très grands formats, que je continue de réaliser actuellement.



Grande Humaine, gravure sur bois rehaussée au brou de noix, 90 x 110 cm, 2024