De l'univers de la gravure et de l’impression de mes années d'apprentissage, j'ai conservé les matériaux et les outils : les encres grasses transparentes et lumineuses, superposées sur le papier, par passages successifs sous la presse.
A la plaque gravée (qui permet des tirages multiples mais rend difficile l’usage des couleurs et la recherche par tâtonnements et repentirs), j'ai souvent préféré ces dernières années la technique du monotype (« tirage unique »).
Pour cette série, l’encre est appliquée uniformément au rouleau sur une plaque vierge ; par effacement les blancs apparaissent dans cette surface, et ainsi pour les trois couleurs primaires imprimées les unes sur les autres, selon un principe de trichromie. Il n'y a donc qu'un exemplaire unique de l'estampe ainsi imprimée sur papier.
Ces « impressions » évoquent des instants de perception singulière du réel, des traces de l’effet persistant de choses vues.
Dans les séries de portraits et autoportraits, j’essaie de reconstruire à tâtons sur le papier l’intensité de ces impressions à travers la figure humaine, à qui je prête mon regard sur le monde, présence figée dans un état de contemplation immobile.
Par l’effacement et les superpositions des couleurs, je précise l’impression – j’ajoute et j’enlève, et me laisse créer par la forme qui advient.
Une possibilité de moi-même s’y découvre et s’affirme.
diagonale magenta, monotype 2009
bleu carmin, monotype 2009
série juste en dessous, monotypes 2009